- épithète
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• 1517, masc. jusqu'au XVIIe; lat. gramm. epitheton, d'o. gr. « qui est ajouté »1 ♦ Ce qu'on adjoint à un nom, un pronom pour le qualifier (mot, expression). « Je cherche en vain une épithète pour peindre l'extraordinaire luminosité du ciel » (A. Gide).2 ♦ Par ext. Qualification louangeuse ou injurieuse donnée à qqn. ⇒ qualificatif. Elle murmura « “L'idiot !” sans indiquer plus clairement auquel des deux hommes il fallait appliquer cette épithète » (Green).3 ♦ Gramm. Un adjectif épithète, ou ellipt une épithète : adjectif qualificatif qui n'est pas relié au nom par un verbe (opposé à attribut). Accord de l'adjectif épithète. — Nom épithète, qui qualifie un autre nom (ex. tarte maison, paquet cadeau). ⇒ 1. apostrophe, apposition.épithèten. f. et adj.d1./d GRAM Mot ou groupe de mots que l'on ajoute à un nom, à un pronom, pour le qualifier. Dans "le chat noir", "un homme intelligent" et "la dame qui porte une camisole", "noir", "intelligent" et "qui porte une camisole" sont des épithètes.|| adj. GRAM Se dit d'un adjectif qualificatif qui n'est pas relié au nom par un verbe.— n. f. Fonction d'un tel adjectif; cet adjectif lui-même.d2./d Par ext. Qualification attribuée à qqn. Elle le gratifia de l'épithète de "malappris".⇒ÉPITHÈTE, subst. fém. et adj.A.— Subst. fém. Terme ou expression servant à qualifier un être ou une chose.1. Terme généralement de la classe des adjectifs, ou plus rarement, expression de valeur équivalente, placés auprès d'un substantif pour qualifier, caractériser l'être ou la chose nommés. Épithètes accumulées; choix d'épithètes; ajouter une épithète. Julien (...) appelle le soleil « le dieu aux sept rayons ». Où avoit-il pris cette singulière épithète? (J. DE MAISTRE, Soirées St-Pétersb., t. 1, 1821, p. 100). Il passe pour avoir le tact fin, car il découvrira l'épithète heureuse, le trait saillant ou le mot hasardeux qui fait tache (FLAUB., 1re Éduc. sent., 1845, p. 265) :• 1. Vous me comblez quand vous louez mes épithètes, mais que dois-je dire alors devant vos « yeux sacrés », vos « cheveux tremblants », « fleurs humides », etc. C'est tout simplement beau, d'une beauté de rêve...VALÉRY, Lettres à qq.-uns, 1945, p. 12.a) En partic.— Épithète de nature. Celle qui exprime une qualité permanente, intrinsèque de l'être ou de la chose désignés, ou, spéc., littér., celle qui se rencontre abondamment dans certaines œuvres littéraires. L'épithète de nature (...) convient en toute circonstance à un objet [le ciel immense] (MAR. Lex. 1933, p. 77).♦ Épithète de caractère, homérique. Épithète qui exprime une caractéristique individualisante, comme celles, invariables, qui, chez Homère, permettent par elles-mêmes d'identifier un personnage (cf. le Sage Nestor). L'obsession d'une épithète invariable, homérique, par une cadence, une alliance de syllabes inaltérablement accolées et fondues (ARNOUX, Rêv. policier amat., 1945, p. 279).— Épithète de circonstance. Celle qui exprime une qualité actuelle, occasionnelle de l'être ou de la chose désignée. L'épithète de circonstance (...) n'est attribuée que dans un cas considéré [un joli visage] (MAR. Lex. 1933, p. 77).b) Spécialement— GRAMM. Cf. infra B.— Vx. [Dans les dict. de la lang. poétique dits gradus (ad Parnassum), pour aider l'élève à composer des vers lat.] J'ouvrais le « Gradus ad Parnassum », je lisais toutes les épithètes de la mouche :« volucris, acris, nigra » (STENDHAL, H. Brulard, t. 1, 1836, p. 150).2. P. ext. Appellation, qualificatif laudatif ou dépréciatif donné à quelqu'un. Épithète flatteuse, louangeuse, injurieuse, malsonnante; accabler, flétrir qqn d'épithètes; lancer à qqn des épithètes. Il (...) appela madame Pignoux en la gratifiant des épithètes les plus grossières (SAND, Beaux MM. Bois-Doré, 1858, p. 119). Oui, mon cher petit homme, répondit Cerise, employant avec son mari cette épithète amicale (PONSON DU TERR., Rocambole, t. 2, 1859, p. 166) :• 2. ... les fouaciers ne répondirent que par des injures, donnant aux bergers plusieurs épithètes diffamatoires, et les appelant rustres, brèche-dents et malotrus.FRANCE, Rabelais, 1909, p. 53.SYNT. Épithète rare, heureuse, singulière, bien choisie; entasser, trouver des épithètes.B.— Subst. fém. et adj., GRAMM. (Fonction) épithète. Fonction d'un terme (adjectif ou équivalent d'adjectif, adverbe, locution, etc.) ou d'un membre de phrase (proposition relative ou comparative) quand ils sont constituants du groupe nominal (p. oppos. à la fonction attribut ou prédicative composante du groupe verbal).1. [Appliqué à l'adj. qualificatif] Joint directement au substantif qu'il détermine, sans l'intermédiaire d'un verbe exprimé ou sous-entendu. Adjectif épithète; accord, place de l'épithète; épithète antéposée, postposée. L'épithète est un jugement, et le plus insinuant de tous, car il se glisse avec le mot (JOUBERT, Pensées, t. 1, 1824, p. 455). Certains adjectifs en fonction d'épithète changent de sens selon qu'ils sont antéposés ou postposés (Ling. 1972).2. [Appliqué à une prop. déterm.] Fonction d'épithète ou de complément déterminatif de l'antécédent. La proposition épithète est une proposition relative qui détermine l'antécédent du relatif à la manière d'un adjectif (G. CAYROU, P. LAVRENT, M.-J. LODS, Le Fr. d'auj., Paris, Colin, 1949, p. 372)Rem. On rencontre ds la docum. les dér. a) Épithéter, verbe trans., rare. Qualifier d'une épithète (cf. GONCOURT, Journal, 1880, p. 85). b) Épithétisation, subst. fém., néol., ling. ,,Transformation qui enchâsse une phrase formée de la copule être et d'un adj. dans le syntagme nominal d'une autre phrase au moyen d'une relativisation, suivie d'un effacement du relatif et de la copule`` (Ling. 1972).Prononc. et Orth. :[
]. Enq. : /epitet/. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1517 « ce qu'on adjoint à un nom, pronom pour le qualifier » (J. BOUCHET, Chapelet des princes ds DELB. Rec. ds DG); 1901 adj. l'adjectif épithète (Nouv. Lar. ill.). Empr. au lat. impérial epitheton terme gramm. « id. », gr.
« l'adjectif » neutre subst. de
« ajouté ». Fréq. abs. littér. :501. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 627, b) 777; XXe s. : a) 862, b) 659. Bbg. GIR. 1834, p. 41. — MORAWSKA (L.). Le Nom épithète dans la lang. des symbolistes. Kwart. neofilol. 1964, t. 11, pp. 71-73. — PAMART (P.). Écriture artiste et créations verbales. Vie Lang. 1970, p. 308 (s.v. épithéter).
épithète [epitɛt] n. f.ÉTYM. 1517, masc. jusqu'au XVIIe; lat. gramm. epitheton, d'orig. grecque, « chose ajoutée », substantivation de l'adj. epithetos, de epitithenai, de epi « sur », et tithenai « poser, placer ».❖1 Forme linguistique qu'on adjoint à un nom, un pronom pour le qualifier. ⇒ Qualificateur. || L'épithète est généralement un adjectif qualificatif, mais elle peut être un nom, une expression en apposition (ex. : vous, un si brave homme). || Épithète de nature, qui convient nécessairement à l'objet (ex. : l'univers spatio-temporel), exprime une qualité permanente (ex. : le marbre dur). || Épithète de caractère, de circonstance : qui convient accidentellement à l'objet (ex. : le beau Serge, du marbre vert).♦ N. f. et adj. Gramm. Se dit d'un adjectif qualificatif qui n'est pas relié au nom par un verbe (opposé à attribut). || Des adjectifs épithètes. || Dans « une grande maison », « une maison trop grande, plus grande que la nôtre »… « grande » est épithète de « maison ». || Épithète antéposée, postposée, placée avant, placée après le nom. || La place de l'épithète peut être stylistique, euphonique; sémantique, (une femme brave, une brave femme). — Un amas, une suite d'épithètes; style chargé d'épithètes. || Épithète bien choisie, expressive, originale; épithète fade, banale.1 Je te veux avertir de fuir les épithètes naturels, qu'ils ne servent de rien à la sentence de ce que tu veux dire, comme la rivière coulante, la verte ramée, et infinis autres. Tes épithètes seront recherchés pour signifier, et non pour remplir ton carme (vers), ou pour être oiseux en ton vers (…)Ronsard, l'Art poétique, « De la poésie en général ».2 (…) un immense, un prodigieux, un phénoménal, un hyperbolique et titanique chapeau, dont aucune épithète, pour boursouflée et gigantesque qu'elle soit, ne peut donner même une légère idée approximative.Th. Gautier, Voyage en Espagne, p. 13.3 Vous vous souvenez, Monsieur, des âcres baisers de Julie, dans la Nouvelle Héloïse; ils ont produit de l'effet dans leur temps; mais il nous semble que dans celui-ci ils n'en produiraient guère, car il faut une grande sobriété dans un ouvrage pour qu'une épithète se remarque. Il n'y a guère de romans maintenant où l'on n'ait rencontré autant d'épithètes au bout de trois pages, et plus violentes, qu'il n'y en a dans tout Montesquieu. Pour en finir, nous croyons que le romantisme consiste à employer tous ces adjectifs, et non en autre chose.A. de Musset, Lettres de Dupuis et Cotonet, I.4 Je nommai le cochon par son nom, pourquoi pas (…) J'ôtai du cou du chien stupéfait son collier D'épithètes (…)Hugo, les Contemplations, Réponse à un acte d'accusation.4.1 Vers cinq heures commença de tomber une petite averse; je rentrai; j'écrivis les définitions de vingt vocables de l'école et trouvai pour le mot blastoderme jusqu'à huit épithètes nouvelles.Gide, Paludes, Rom., Pl., p. 104.5 Je cherche en vain une épithète pour peindre l'extraordinaire luminosité du ciel.Gide, Journal, 4 oct. 1921.2 Qualification louangeuse ou injurieuse donnée à qqn. || Il s'est fait traiter de pauvre type; c'est bien l'épithète qui lui convient. || L'épithète de chien (cit. 4) est une injure. || Épithètes malsonnantes.6 (Ils) les outragèrent grandement (les bergers), les appelant (…) faitnéants (…) rustres (…) malotrus (…) boyers (bouviers) d'étrons, bergers de merde et autres (telles) épithètes diffamatoires (…)Rabelais, Gargantua, XXV.7 — (…) c'est la plus sotte bête qui se soit jamais mêlée de raisonner.— L'épithète est un peu forte.Molière, la Critique de l'École des femmes, 2.8 Amas d'épithètes, mauvaise louange (…)La Bruyère, les Caractères, I, 13 (→ Amas, cit. 11).9 (Elle) murmura plusieurs fois, avec un accent de colère : « L'idiot ! l'idiot ! » sans indiquer plus clairement auquel des deux hommes il fallait appliquer cette épithète.J. Green, Léviathan, p. 24.❖DÉR. Épithétique.
Encyclopédie Universelle. 2012.